La mise au point de l’emboutissage est intimement lié à la découverte du principe de la presse hydraulique. Ce dernier, découvert vers 1646, est en réalité mis au point pour la première fois 1796 par un anglais, M.Joseph Bramah. Après avoir subi beaucoup d’échecs à cause de fuites autour du piston, il en arriva à inventer le cuir U. Les premières presses furent évidemment fort primitives mais c’est leur principe que l’on retrouve dans l’équipement hydraulique moderne. Les perfectionnements ont porté tant sur la qualité et la précision de fabrication des cuirs emboutis que sur le fini et le polissage des surfaces métalliques de la presse, pistons ou cylindres selon le cas.
De nos jours, les milieux dans lesquels fonctionnent le cuir embouti sont très divers : eau froide ou chaude, huile tiède ou chaude, air, etc… En outre, ces différents fluides agissent sur l’embouti avec des pressions variables : légères, moyennes, fortes, très fortes. On ne saurait donc envisager une qualité unique.
L’emboutissage : un savoir-faire qui perdure
La maison FOUILLEUL, tanneur d’origine et créé en 1800, prépare toujours ses cuirs en fonction des différentes façons d’emboutissage, que nous décrirons par la suite. Pour répondre à chaque emploi, nous avons patiemment élaboré divers procédés de tannage « végétal, minéral, mixte », et ce toujours en vue de leurs futurs cas d’emploi. Les cuirs ainsi tannés sont corroyés et imprégnés suivant des processus adaptés.
Le choix de nos cuirs est lié à l’origine de l’activité de notre maison : le tannage. Cela nous permet naturellement de conserver en mémoire les critères qui font la qualité indispensable des cuirs sélectionnés pour la fabrication de cuirs emboutis. Ces cuirs sélectionnés sont fabriqués en France par des maîtres-tanneurs ayant su garder les traditions des procédés qui en font la haute qualité. Ce niveau de qualité s’avère indispensable pour satisfaire les applications les plus variées exigées de l’industrie.
C’est alors qu’intervient l’emboutissage, étroitement lié à la connaissance de la matière à travailler : le cuir.
TECHNIQUES D’EMBOUTISSAGE DU CUIR
Dans ce domaine, nous nous sommes appuyés sur les anciennes méthodes pour les repenser avec l’expérience unique de notre maison, avec le souci d’une production sans défaut et apporter au problème une solution logique. En voici quelques-unes :
2-1 Emboutissage des cuirs refoulés :
Généralement, la plaque de cuir s’insère entre des matrices de formes appropriées. L’ensemble est ensuite mis sous la presse hydraulique pour l’emboutissage définitif. Cette manière de procéder distant le cuir et aminci la base de l’embouti au profit de l’épaisseur des lèvres, ce qui est illogique. L’embouti en effet doit être particulièrement résistant, non pas à ces lèvres, mais à la base et surtout dans les angles. Nos cuirs dits “refoulés”, fabriqués selon une série de procédés spéciaux, respectent cette nécessité.
Un emboutissage donne sensiblement le profil externe du cuir désiré mais avec des lèvres plus longues. La matière en excès de longueur est ensuite refoulée avec une matrice spéciale vers le fond et ses angles, parties qui se trouvent ainsi renforcées. Les lèvres sont alors effilées autour, par chariotage interne, dans un moule approprié. Nos cuirs refoulés ont, de la sorte, des caractéristiques logiques : fond et angles épais, lèvres effilées sensibles à la moindre pression du fluide.
2-2 Cuirs double façonnage
Ces cuirs emboutis présentent une résistance extraordinaire. En effet, formés par emboîtement de deux cuirs, ces différents éléments sont assemblés par une couche de colle cellulosique. On coupe ensuite le tout à une hauteur définie. Leur forte épaisseur et l’imperméabilité totale de la couche cellulosique opposent une barrière rigoureusement infranchissable au liquide des presses, même lorsqu’il s’agit d’huile tiède (20 à 40°c).
2-3 Cuirs emboutissage « huile »
Exécutés avec notre cuir spécial à base de chrome, ils sont remarquables pour les presses fonctionnant à chaud et à haute pression jusqu’à 400°c de température et 150 bars de pression, ainsi que pour les presses présentant une certaine usure.
2-4 Cuirs non refoulés avec renforcement simplifié
Ces cuirs répondent aux applications demandant un fond renforcé mais n’exigeant pas des qualités de cuirs spéciaux décrits ci-avant.
EMBOUTISSAGE : LES DIFFÉRENTES FORMES DE GARNITURES CUIRS ET PRINCIPE DE PRÉCAUTIONS DE MISE EN PLACE
Les différentes formes de garniture d’emboutissage en cuirs :
- Le cuir calotte dont la paroi se situe à l’extérieur, serré sur la chemise, appelé communément coupelle ou cuvette,
- Le cuir chapeau dont la paroi se situe à l’intérieur, serré sur le piston,
- Cuir “U” : Afin d’obtenir un écartement régulier et durable des lèvres du “U contre le piston et contre la paroi du logement, il est nécessaire de soutenir le cuir sans le serrer. Il est ainsi possible de passer à l’intérieur du cuir une tresse coton. Cette tresse appuie convenablement les lèvres du cuir le long des pièces. Il peut toutefois arriver que cette tresse se désagrège à la longue. Aussi nous proposons une autre solution. Elle consiste à mettre en place une couronne de profil trapézoïdal tout spécialement étudié pour obtenir un écartement régulier et durable des lèvres du “U”. Cet écartement régulier permet un contact du cuir contre le piston et son logement.
- Les cuirs spéciaux en “V” à emboîtage pour presse hydraulique, pompe et accumulateur. Le profil de ces cuirs est spécialement étudié pour permettre de les emboîter les uns dans les autres. De cette façon, nous constituons un presse-étoupe simple et robuste.
- Grâce à notre longue expérience et de nombreux essais, nous avons réussi la mise au point d’une fabrication des cuirs “V” inédite dans ce domaine qui s’emboite exactement, sans laisser entre eux de vide préjudiciable. Nos cuirs “V” sont d’un montage aisé constituant ainsi une garniture absolument efficace. Ces “V” sont positionnés entre deux bagues supérieures et inférieures, d’origine en laiton mais aussi en cuir.
Emboutissage : principe de précautions de mise en place des cuirs :
Quel que soit la forme utilisée, un certain nombre de conditions de fonctionnement sont nécessaires pour obtenir un bon usage des cuirs emboutis :
- La propreté du liquide utilisé
- La précision dans le jeu entre les pièces mobiles de l’appareil et les pièces fixes sur lequel le cuir embouti repose sous l’influence de la pression
- La tenue des emboutis est liée intimement à l’état de polissage des surfaces avec lesquels ils sont en contact. Des surfaces mal finies ou abîmées usent anormalement les cuirs ainsi que toutes les autres garnitures
- Ne jamais chauffer les cuirs emboutis
- Suiffer les surfaces de montage
L’emboutissage : le saviez vous ?
L’emboutissage des joints est aujourd’hui toujours très présent dans nos villages, sous forme de pièces d’étanchéité des pompes à bras. Historiquement mises en place au XVIIIe siècle, ces pompes sont de véritables bijoux d’histoires qui font honneur aux traditions du savoir-faire.
Rédigé par Arnaud, 20/12/2020