L’industrie du Cuir a lancé depuis plus d’un an, un fond d’investissement : Cuir Invest. Son but est d’accompagner les jeunes entreprises innovantes dans le travail du cuir, notamment dans la création de cuirs alternatifs ou de nouveaux procédés. L’objectif est de protéger et maintenir la dynamique d’une filière qui porte la croissance des géants du luxe tricolore. Elle veut ainsi accompagner les entreprises les plus prometteuses.
La filière française du travail du cuir veut financer ses jeunes pousses les plus innovantes
Le savoir-faire français dans le travail du cuir est reconnu à l’international. Les groupes de luxe, dont les sacs à main s’arrachent dans le monde entier, sont des gros clients toujours plus demandeurs. Tout comme les fabricants hexagonaux de chaussures.
En effet, la filière mondiale du cuir connaît un redéploiement ample et rapide sur lequel il faut s’appuyer. Il existe en France de nombreuses PME qui ont le potentiel pour développer des technologies d’avenir du travail du cuir.
Cette filière atteint un CA estimé aujourd’hui à 25 milliards d’euros. Comme toutes les filières, elle doit cependant s’adapter aux différentes tendances. Rappelons les principales venant bousculer le secteur :
- le développement de mouvement de lutte pour la protection animale pouvant conduire à la raréfaction de la matière ;
- les demandes croissantes de traçabilité des peaux faites aux différents fabricants tanneurs, teinturiers, maroquiniers, gantiers et autres experts du domaine ;
- le durcissement de la législation sur la protection de l’environnement face à la pollution industrielle ;
- l’accroissement de l’utilisation de cuir dans de nombreux secteurs (exemple : l’automobile) poussant les acteurs du marché à trouver de nouvelles alternatives.
D’où la nécessité pour la filière travail du cuir de faire émerger de nouvelles réponses à ces enjeux.
« Cuir du futur », nouveaux procédés de production et de travail du cuir plus respectueux de l’environnement et lancement de jeunes marques sont autant de projets éligibles au financement par le fond « Cuir Invest ». Plus de 80 jeunes pousses ont vu le jour depuis 8 ans. Elles bénéficient des structures d’aides à la création mises en place par le Centre National du Cuir et la Fédération de la Chaussure.
Innover et défendre l’expertise
Cet élan vers le travail du cuir doit aussi profiter à des entreprises déjà avancées dans leur développement. A cet égard, le fond peut attribuer des tickets d’investissement jusqu’à 500K€ pour booster des projets de croissance d’entreprises innovantes déjà établies. A titre d’exemple, tout comme le recyclage du PET et des matières plastiques, une entreprise s’est lancée dans le recyclage des chutes de cuir. Son process permet de réutiliser cette matière dans la fabrication et sous différentes formes et fonctions (renfort, talons, rivets etc.). Il lui faut des moyens pour protéger ces nouveaux savoir-faire en déposant des brevets.
Au-delà de l’innovation, la pérennité de cette filière du travail du cuir passe par des entreprises qui perpétuent son expertise. Le cuir est une matière naturelle travaillée par les tanneurs selon des process d’imprégnation des peaux avec différents procédés (tannage minéral ou végétal). A partir de ces peaux traitées de façon traditionnelle, il existe une multitude de formes de transformation : découpage, façonnage et emboutissage. La réalisation de ces pièces peut faire aussi appel à des techniques de précision les plus modernes de fraisage et usinage. Seules quelques rares entreprises françaises maitrisent toujours l’ensemble de ces process. Ce sont des PME combinant un savoir-faire d’artisan tanneur et une vision et expertise industrielle de la transformation du cuir. Elles travaillent en sous-traitance pour les plus grandes maisons de maroquinerie de luxe et contribuent ainsi à cette filière d’excellence.
Rédigé par Jean-Louis, le 13/11/2020
